Optique : l’émergence de nouveaux acteurs sur le web


Aujourd’hui, 2 millions de porteurs de lunettes se disent prêts à les acheter sur Internet, ce qui représente 5 % de la demande totale du secteur. Le web permet la commercialisation à moindre coût d’un produit que 72 % des Français jugent trop cher : portrait d’un business model qui change le visage de l’optique.

Si le commerce de lentilles en ligne s’est développé depuis déjà plusieurs années, les sites proposant la vente de lunettes restent récents. Pointant du doigt l’impossibilité de réaliser un diagnostic « virtuel », les opticiens ont longtemps tenu à l’écart les nouveaux entrants potentiels. Aujourd’hui, ils tentent de tirer profit de ce canal de distribution qui élargit les perspectives de croissance du secteur de l’optique.

LA LOI LEFEBVRE
Au début des années 1980, il semblait que le conformisme des opticiens ne permettrait pas la libre commercialisation des lunettes. De même, il y a encore quelques mois les commerçants d’aujourd’hui ne croyaient pas à l’émergence de nouveaux acteurs « virtuels ». Et pourtant ! Si la France a longtemps traîné les pieds avant d’autoriser la vente d’équipements optiques sur le web, le projet de loi Lefebvre, qui vise à renforcer les droits des consommateurs, contient désormais un paragraphe spécifique à cette problématique. Le texte autorise la vente de lunettes correctrices sur Internet à quatre conditions, qui sont les mêmes que pour un commerce classique. Premièrement, le client doit être en mesure de fournir une ordonnance pour l’achat d’un premier équipement. Deuxièmement, la présence d’un professionnel de l’optique dans la société est requise. Troisièmement, les prises de mesure doivent être effectuées au moyen d’un appareillage certifié. Les opticiens du web ont d’ailleurs trouvé une solution originale pour répondre à cette contrainte : l’internaute qui le souhaite peut désormais mesurer l’écart entre ses pupilles grâce à un logiciel fonctionnant avec une webcam. Finalement, le texte rend obligatoire le droit de rétractation, c’est-à-dire que le consommateur internaute doit être « satisfait ou remboursé ».

2 MILLIONS DE CONSOMMATEURS POTENTIELS
Si 72 % des Français jugent les lunettes trop chères, la tendance veut qu’elles soient changées de plus en plus souvent : tous les 3 ans en moyenne, contre 4 ans auparavant. La vente de lunettes sur Internet répond parfaitement à ce paradoxe, puisqu’elle permet d’acheter les modèles moins chers, et donc de les renouveler plus souvent. Le rapport des Français à l’optique est en train d’évoluer : 2 millions de porteurs se disent prêts à acheter leurs lunettes sur le web, ce qui représente 5 % de la demande du secteur. Pour répondre à cette demande, de nombreux acteurs sont apparus sur le web ces deux dernières années, proposant des prix jusqu’à 70 % moins chers qu’un acteur classique.

UN CANAL DE DISTRIBUTION À DOUBLE TRANCHANT
Après avoir longtemps dénoncé la vente de lentilles, puis de lunettes correctrices sur Internet, les enseignes et centrales d’indépendants commencent à entrevoir les opportunités offertes par ce canal de distribution. Aujourd’hui, seuls Krys et Optical Center se sont lancés dans le e-commerce, tirant parti des avantages concurrentiels d’un réseau physique. Effectivement, la puissance d’achat des commerces classiques peut leur permettre de s’imposer en termes de prix, et de concurrencer sérieusement les acteurs web. Ils possèdent également une notoriété qui leur permet de toucher un public large, et un réseau de magasins qui garantit le service au consommateur. Les opticiens émettent cependant quelques réserves, comme l’explique Philippe Peyrard, directeur général délégué d’Atol : « J’estime que seul un opticien est capable de vendre des verres correcteurs. Que ce soit pour la vente de lunettes ou de lentilles sur Internet, il est primordial que les mesures soient faites par un professionnel. » Le groupe utilise et encourage l’utilisation d’Internet pour prodiguer des conseils, mais pas en tant que plateforme de vente. Philippe Peyrard accuse également « les risques de contrefaçon et le manque de traçabilité des produits vendus sur la Toile, qui peuvent représenter un risque pour la santé des porteurs ». Malgré les risques évoqués par certaines enseignes, ce nouveau canal de distribution pourrait donc s’avérer un véritable moteur de croissance pour le secteur qui stagne à 3 % de croissance annuelle.

Source: www.lesechosdelafranchise.com

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