Pour Marc Simoncini, internet va prendre 10 % du marché de la lunette


Les députés devraient voter, lundi 16 décembre, le projet de loi sur la consommation. Des amendements ont été introduits concernant l’optique, afin de faire baisser les prix en développant la vente sur Internet. Pour Benoît Hamon, le ministre délégué à la consommation, cela rendra aux consommateurs plus de 1 milliard d’euros de pouvoir d’achat en réduisant les dépenses d’optique. Ces propos et ces mesures décidées sans concertation ont provoqué la colère des opticiens. Ils y voient l’influence de Marc Simoncini, l’ancien patron de Meetic, qui a lancé depuis trois ans Sensee, un site de vente en ligne de lunettes et de lentilles à bas prix.

Internet prendra 10 % du marché des lunettes

Vous êtes considéré comme le gagnant de ces mesures, qu’en dites-vous ?

Le grand gagnant, ce sera le consommateur puisque sur Internet nous affichons les vrais prix souvent moitié moins élevés que ceux des magasins. Ces derniers seront alors obligés d’en tenir compte. Mais ce n’est pas pour cela que les boutiques disparaîtront. Si on se réfère aux autres pays, le développement de la vente en ligne devrait représenter à terme environ 10 % du marché, soit une économie de quelque 1,3 milliard d’euros.

Ces dispositions législatives ne font que mettre la France en conformité avec la réglementation européenne autorisant depuis 2010 la vente via Internet des produits d’optique. Nous sommes le dernier pays à y venir.

Votre démarche s’inspire-t-elle de Free ?

Oui, nous nous attaquons au marché très opaque de la distribution. Plus petit que les télécoms (6 milliards d’euros), il est contrôlé à 75 % par cinq grandes chaînes : Atol, Afflelou, GrandOptical, Krys et Optic 2000. Comme pour les offres de téléphone, il est impossible de comparer les tarifs dans l’optique. Cela tient aux multiples montures, aux différents types de verres ou de corrections. Vous ne savez pas combien coûtent réellement vos verres.

Les opticiens redoutent d’importantes suppressions d’emplois, qu’en pensez-vous ?

Ce n’est pas de notre fait. Le système s’est emballé, puisqu’en l’espace de dix ans le nombre de boutiques a doublé, avec aujourd’hui près de 12 000 magasins sur un marché resté quasiment stable.

Pour les opticiens, la seule solution pour augmenter leurs chiffres d’affaires est de multiplier les implantations tout en augmentant les prix. A ce jour, vous avez un magasin tous les 300 mètres dans les villes alors que vous ne renouvelez vos lunettes que tous les trois ans. Cela va au moins stopper ce mouvement.

C’est tout un système que vous critiquez. Mais qu’en est-il des mutuelles qui y contribuent ?

En trente ans, un monde très organisé s’est développé autour d’une rente. Les mutuelles y ont participé en offrant d’importants remboursements. Car, si elles critiquent d’un côté le prix élevé des lunettes, elles font de leur montant de remboursement un produit d’appel pour attirer les clients. Là aussi, le système atteint ses limites. Les gens commencent à s’apercevoir que la prise en charge de leurs lunettes prend tout leur forfait au détriment d’autres soins comme les soins dentaires.

Vous allez aussi mettre à mal les filières françaises en vous approvisionnant en Chine.

C’est faux, nous proposons les mêmes produits, à condition qu’on accepte de nous les vendre. Nous achèterons aussi bien en France qu’à l’étranger comme le font les autres. Une monture sans marque fabriquée en Chine et livrée à Paris coûte 3 euros, la même fabriquée en France coûte 12 euros. Toutes deux sont proposées par l’opticien entre 80 et 120 euros.

Comment baissez-vous vos tarifs ?

Dans une boutique, vous payez vos lunettes en moyenne 470 euros. Sur ce montant, 200 euros vont à l’opticien pour son conseil. A titre de comparaison, un ophtalmologiste qui a fait huit ans d’études perçoit 28 euros pour sa prestation. Si vous achetez en ligne, vous ne payez pas les 200 euros de prix du conseil physique, ni les 60 euros de publicité qui sont imputés à chaque paire de lunettes.

Quelles clientèles visez-vous ?

Nous visons les 15 % à 20 % des gens qui n’ont pas les moyens d’acquérir des lunettes, en proposant des verres correcteurs mais aussi des verres progressifs. Dans ce cas, ce ne seront pas les modèles de dernière génération qui nécessitent des ajustements en magasin, mais ceux d’une génération de verre précédente comme le propose d’ailleurs Essilor sur ses deux sites aux Etats-Unis. C’est donc tout à fait possible et sûr.

N’est-ce pas paradoxal qu’un ministre de gauche mette à mal une filière au profit d’entrepreneurs financiers ?

Je ne vois pas de contradiction. Le ministre voit une possibilité courageuse de faire baisser les prix pour les consommateurs. C’est pour cela qu’il introduit ces dispositions dans la loi sur la consommation.

Les opticiens demandent la suspension de ces dispositions et une concertation avec le ministre de la santé, qu’en pensez-vous ?

Ils le font pour retarder l’échéance inéluctable. Mais c’est assez paradoxal, car cela fait vingt ans que les opticiens nous disent que les lunettes sont des accessoires de mode. Ils ont démédicalisé leur métier et ont, de fait, creusé le trou dans lequel ils pourraient tomber. Pourquoi la France serait-elle le seul pays où la vente de lunettes par Internet serait dangereuse ?

Source Le Monde.fr

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Un commentaire sur “Pour Marc Simoncini, internet va prendre 10 % du marché de la lunette”

  1. Sandrine ( OPTICIENNE)!!!

    cela me fait rire (jaune),ce bisness man ne connait rien au métier et dénigre toute une profession pour s’y engouffrer et s’en mettre plein les poche en achetant et en revendant chinois!!!
    Mon poil se érisse uand j’enttend dire : » Sur ce montant, 200 euros vont à l’opticien pour son conseil ». Petit rappel, un opticien est abilité a faire des examen de vu en a renouveller une ordonnance de moins de trois mois…Une vente de deroule de ltel facon:
    1° examen de vu si necessaire > 20 min
    2° choix de la monture > entre 10 min et 30 min
    3° conseil et choix des verres et prise de mesure PRECISES> entre 10 et 30 min
    4°validation de la commande et simple acompte, nous ne fesont regler nos client qu’apres u’il ai essayé leur lunettes!!!
    5° nous passont commande chez le fabriquant de verre ( français!!!)>10 min
    6° demande de tiers payant > 10 min
    7° reception des verre > 1min
    8° montage ( centrage, palpage, détourage, ajustage, verification, nettoyage, mise en étuit)> en moyenne 30 min
    9°livraison ( essayage, ajustage, edition des documents tiers payant,explication des garanties, encaissement°
    Et tout ca avec le sourire car nous aimons notre métier qui consiste a bien plus qu’un simple conseil!
    Autre dire de ce bisness man : »Les gens commencent à s’apercevoir que la prise en charge de leurs lunettes prend tout leur forfait au détriment d’autres soins comme les soins dentaires »
    > les forfaits lunettes et dentaire sont dissocié sur les prestation mutuelle , les adhérants n’ont pas a choisir entre les dent ou les lunettes…
    On voit bien u’avec un tel discourt, cet homme là est beaucoup plus intéressé par le profit qu’il fera en fesant monter ses équipement en chine, par des employés qu’il paiera le moins possible.
    Il essaiera de rentrer en bourse, et le seule chose l’interessera se seront ses actionnaires et leur profits!!! ensuite il vendra comme il l’a déjà fait et ira mettra a mal un nouveau secteur d’activité pour son seul profit.
    Je n’ai pas honte de mon métier,il génére des emplois, il vend des montures fabriqué en france, tout comme des verres fabriqué en france!!
    marre de cette époque qui prône le profit et le tout chinois

    #1252

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