Les députés favorisent la vente en ligne de lunettes et de lentilles


Les députés favorisent la vente en ligne de lunettes et de lentilles

L’Assemblée nationale a adopté lundi soir une série de dispositions favorisant la vente en ligne de lunettes et lentilles , tout en l’encadrant, dans le but de faire baisser leur prix, malgré les critiques des opticiens et de l’opposition. Les députés ont validé le principe d’une plus grande ouverture de la distribution de verres et lentilles, et ont précisé, via une série d’amendements, les conditions de leur vente en ligne. Grâce à l’augmentation de ce commerce sur Internet, « [nous espérons pouvoir] transférer au minimum un milliard d’euros de pouvoir d’achat aux consommateurs », annonçait le ministre de la Consommation Benoît Hamon, qui défend ces dispositions figurant dans son projet de loi sur la consommation, en deuxième lecture à l’Assemblée.

Des pratiques en ligne très réglementées

Désormais, le prestataire en ligne devra permettre au patient d’obtenir des informations et des conseils auprès d’un professionnel de santé qualifié en optique. La première délivrance de lentilles de contact sera encadrée dans des conditions fixées par décret. En cas de fortes corrections, la délivrance de verres correcteurs sera soumise à une prise de mesure. En outre, les prescriptions de verres correcteurs devront indiquer la valeur de l’écart pupillaire du patient, afin de faciliter leur achat en ligne. La durée de validité des prescriptions de verres correcteurs est ramenée de 5 à 3 ans, alors que les sénateurs avaient allongé ce délai. Les députés ont, par ailleurs, acté le principe selon lequel les magasins d’optique ne devront plus nécessairement être dirigés par un opticien-lunetier, comme c’était le cas jusqu’alors. Seule la délivrance de verres et lentilles correcteurs sera réservée, au sein de ces établissements, à ces professionnels.

L’opposition s’est élevée contre le dispositif prévu, « mal ficelé et précipité ». « Techniquement votre projet ne tient pas la route » et il est « gravissime pour la santé publique », selon François Vannson (UMP), opticien de profession, qui craint notamment qu’en cas d’achat sur internet les verres soient mal ajustés. « Vous stigmatisez une profession », celle des opticiens-lunetiers, a aussi accusé Philippe Folliot (UDI), pronostiquant des fermetures de boutiques en milieu rural et de formations.
Les réseaux d’opticiens font, eux aussi, front contre le dispositif. Optic 2000 et Krys Group ont notamment protesté contre cette ouverture du marché. A l’inverse, les associations de consommateurs, à l’image de l’UFC-Que Choisir, vantent « des économies substantielles ». « Un certain nombre de nos concitoyens ont besoin de lunettes et ne peuvent y accéder pour des raisons financières », a déclaré dans l’hémicycle la ministre déléguée à la Famille Dominique Bertinotti. Une déclaration qui vient rappeler qu’en octobre dernier, le gouvernement déposait un amendement au projet de budget de la Sécurité sociale, afin de limiter les prix de l’optique pour plus de un million de personnes.

88 euros annuels

Les Français consacrent un budget annuel de 88 euros aux lunettes et lentilles de contacts, ce qui en fait les Européens dépensant le plus dans ce domaine, mais près de 3 millions de Français n’achètent pas de lunettes de vue, notamment en raison de leur prix élevé et du faible remboursement de leurs mutuelles. L’ouverture du marché est « une contrainte communautaire », a précisé Dominique Bertinotti. Le gouvernement et la majorité visent 5 à 10% du marché de l’optique à terme en ligne.

« Je n’ai pas une approche religieuse et idéologique de la concurrence, mais une approche pragmatique », a défendu Benoît Hamon, qui veut s’attaquer à ce qu’il considère comme une « rente » pour les opticiens, et « réglementer » un marché en ligne qui existe déjà. Le projet de loi repassera début 2014 au Sénat en deuxième lecture.

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