Alain Afflelou : En France, on a l’impression que des gens travaillent pour en financer d’autres


Avec plus de 1200 boutiques dans le monde, Alain Afflelou a dégagé près de 770 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2012. L’opticien, et récemment acousticien, présent dans une dizaine de pays compte désormais conquérir l’Amérique du Nord. L’homme en profite également pour égratigner la concurrence sur internet, qu’il juge « sans avenir », et pour revenir sur sa vie à Londres.

Alain Afflelou : En France, on a l'impression que des gens travaillent pour en financer d'autres

Donc entre les mutuelles, les opticiens et la sécurité sociale, qui ne joue pas le jeu ?

Le fait de dire aux gens, « allez-y, consommez, vous avez le droit jusqu’à tant d’euros », c’est jouer à un jeu qui est déréglé. Car qui en profite ? Le consommateur et le fournisseur. Mais qui est pénalisé ? Les comptes de la sécurité sociale, les comptes des mutuelles. Donc ceux qui font défaut, c’est l’Etat et les ministres de la santé successifs qui n’ont pas pris le problème en main. On est donc face à des considérations et des choix qui sont plus politiques qu’économiques.

Au-delà de cette mesure, ressentez-vous ce ras-le-bol fiscal qu’a la plupart des chefs d’entreprises qui accuse le gouvernement ?

Je crois qu’au-delà du ras-le-bol fiscal, c’est surtout ce à quoi servent ces impôts, ce sentiment de gâchis. On a l’impression que des gens travaillent pour en financer d’autres. Ce n’est même plus de la solidarité. Quand j’entends que les jeunes de 18 à 25 ans sans boulot vont avoir droit à une allocation, je me dis qu’il n’y a pas de prime au travail. Je comprends que la France soit un pays suffisamment riche pour aider les gens qui n’ont pas les moyens de se soigner, mais au-delà de çà, il y a trop de choses qui ne sont pas en rapport avec la situation actuelle et l’état de la France.

La France, vous l’avez justement « temporairement quitté » pour des projets londoniens l’an passé. Avec le recul, êtes-vous devenu plus indulgent avec ceux qui vous ont accusé d’exil fiscal à cette époque?

Je n’ai pas à être indulgent car je n’ai pas été accablant à leur endroit. Chacun pense ce qu’il veut. Moi, je vis à Londres et j’y travaille. Je vois tous les jours dans le milieu dans lequel je suis, des Français venir de plus en plus nombreux. Et ce n’est pas de l’exil fiscal, c’est une tromperie. Ils viennent simplement pour travailler. Quand vous voyez des gens de 25 ans débarquer pour chercher du boulot, c’est parce que les choses sont open, c’est parce qu’ils auront un avenir qu’ils n’ont pas en France. Quand on leur parle, ils n’ont pas tous cette perspective de retour, au-delà d’un exil, je dirais presque que c’est un exode.

Et vous, vous l’avez cette perspective de retour ?

Je n’ai pas de perspective du tout. A mon âge, j’ai appris à jamais dire jamais. La France, c’est mon pays, ma patrie, mes racines, ma culture. Même si on a beaucoup parlé de cela, je n’ai pas l’impression de m’être exilé car la France et l’Angleterre sont très proches à tout point de vue. Ca ne me change guère, quand je travaillais à Paris, je partais le matin il faisait nuit, le soir je rentrais, il faisait nuit, ça ne me change pas.

Et dans 10 ans, il sera toujours aussi fou Afflelou ?

Je l’espère et je pense d’ailleurs que c’est dans notre ADN de faire de l’innovation permanente et d’aller au devant des besoins. Avec le recul, quand on regarde globalement, 90 % de ce qui existe sur le marché de l’optique et qui est repris par nos confrères, c’est nous qui l’avons inventé. La multi-possession avec Tchin-Tchin, les lentilles à 1 € par jour, NextYear, la Forty… J’ai coutume de dire que si ces idées étaient « déposables », je serais très riche ! Ceci étant, être « fou » dans 10 ans inclut déjà le fait que l’on soit encore en vie, alors comme on dit, inchallah !!!

Source www.atlantico.fr

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