Et si la Sécurité sociale ne remboursait plus les lunettes…


Pour faire réaliser à la Sécurité sociale de nouvelles économies, une idée fait son chemin : complètement supprimer les remboursements, déjà très faibles, des lunettes et des lentilles et les confier entièrement aux mutuelles. Cette idée s’est logiquement répandue depuis que le rôle des complémentaires santé a été renforcé, à côté de l’assurance maladie. Il y a un an, François Hollande déclarait au congrès de la Mutualité française à Nice qu’il souhaitait que tous les Français bénéficient d’une complémentaire santé d’ici la fin de son quinquennat.

Et si la Sécurité sociale ne remboursait plus les lunettesEn juin, la loi de sécurisation de l’emploi a été promulguée, prévoyant le premier pas de cette mutuelle pour tous : l’extension à tous les salariés, d’ici au 1er janvier 2016, des contrats collectifs santé. De plus, doit revenir devant l’Assemblée nationale avant la fin de l’année la proposition de loi sur les réseaux de soins mutualistes. Elle va permettre à ces derniers de faire bénéficier légalement à leurs adhérents des prix d’optique moins élevés et de meilleurs remboursements, si les patients choisissent les produits qu’ils recommandent.

Les organismes complémentaires d’assurance maladie (OCAM) se retrouvent donc en passe de prendre de nouvelles responsabilités à côté de l’assurance maladie, principalement dans l’optique. Selon des sources professionnelles, le nouveau rapport de la Cour des comptes, qui doit être publié mardi, pourrait préconiser de confier à terme le remboursement de l’optique correctrice aux OCAM.

Erreur majeure ?

Une telle perspective n’effraie pas les mutuelles. Mais, pour Étienne Caniard, le président de la Mutualité française, il ne faut pas brûler les étapes. « Tant que nous n’aurons pas de couverture santé complémentaire complète, tant que nous n’aurons pas régulé les prix de l’optique pour permettre l’accès aux soins », le désengagement de l’assurance maladie serait prématuré, a-t-il détaillé. « Ensuite, (…) pourquoi pas, parce qu’il n’y a pas de sujet tabou, revisiter les partages actuels » entre la Sécu et les mutuelles, a-t-il ajouté.

Selon lui, la Sécu ne rembourse que 3,6 % des frais d’optique correctrice (verres et lentilles) , l’État 1,4 % pour les plus démunis et les complémentaires 68 %, une proportion qui a augmenté de 12 points en sept ans. La perspective d’un désengagement complet de la Sécu est en revanche très mal perçue par les opticiens, qui l’évoquent depuis plusieurs mois. « Ce serait une erreur majeure, même si le remboursement de l’assurance maladie est symbolique », a affirmé Jean-Pierre Champion, P-DG de Krys Group, numéro un du marché français. Selon lui, il y aurait un risque de « perdre le caractère santé de l’équipement optique ».

Verres supérieurs

Selon une enquête Ipsos parue début septembre et commandée par Krys Group, 91 % des personnes interrogées « trouveraient choquant que la Sécurité sociale ne rembourse plus du tout les montures et les verres de vue ». Les opticiens redoutent le renforcement du rôle des OCAM, en raison de leur volonté de faire baisser les prix. Ils y voient un danger pour la qualité des verres qui seront proposés aux patients.

Les Français « portent leurs choix sur des équipements les plus récents en termes de technologie » et bénéficient d’une qualité de verres supérieure à ceux d’autres pays occidentaux, selon Jean-Pierre Champion. »Il y a encore 15 % des presbytes américains ou anglais qui portent des verres à double foyer alors qu’en France tout le monde est passé aux verres progressifs », affirme-t-il. De plus, fait-il remarquer, la moitié des verres sont encore fabriqués en France. Mais selon Étienne Caniard, certaines innovations sont souvent prétexte à des hausses de prix. Et, souligne-t-il, « il est difficile de diminuer le reste à charge des patients (ce qui n’est pas remboursé, ndlr) avec des prix libres ».

Source www.lepoint.fr

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