Benoit Hamon : «Le but n’est pas de déréglementer tous azimuts»


3 questions à… Benoît Hamon, ministre de l’Economie sociale et solidaire et de la Consommation.

Benoit Hamon : «Le but n’est pas de déréglementer tous azimuts»

Votre loi a été critiquée pour son côté fourre-tout. Quelle est la cohérence d’ensemble ?

Le projet de loi équilibre les pouvoirs entre consommateurs et professionnels. J’ai voulu donner du pouvoir d’agir aux consommateurs avec la création de l’action de groupe, du pouvoir d’achat avec l’ouverture de la distribution des produits d’optique ou encore les mesures concernant les contrats d’assurance auto et habitation. Mon texte renforce également la protection des consommateurs vulnérables contre le surendettement. La loi couvre donc un spectre large, mais toutes les dispositions vont dans le même sens : la protection du consommateur, l’amélioration de son information sans oublier le souci de stimuler l’activité en combattant les situations de rente économique.

Vous promettez aussi une hausse de pouvoir d’achat…

Oui, ce sera la conséquence directe d’au moins trois grandes dispositions du texte. D’abord, nous donnons plus de latitude aux ménages pour faire jouer la concurrence sur l’assurance auto ou habitation à l’issue de la première année de leurs contrats. Ensuite, pour faire baisser les prix de l’assurance emprunteur, nous offrons aux Français qui contractent un prêt immobilier une fenêtre d’un an après la signature de leur prêt, pour pouvoir changer d’assureur. Enfin, nous allons faire baisser le prix payé par les Français pour leurs lunettes. Notre mesure d’ouverture de la distribution des lunettes dégagera 1,3 milliard d’euros de pouvoir d’achat d’ici à deux ans. C’est autant d’argent qui pourra être réinjecté dans d’autres secteurs de consommation.

Pourquoi les opticiens et pas d’autres professions réglementées comme les pharmaciens, les notaires, les taxis ?

L’optique est, pour moi, une priorité. Près de trois millions de Français renoncent chaque année à l’achat de lunettes pour des raisons financières. Les prix sont deux fois plus élevés que chez nos voisins européens et la Sécurité sociale ne rembourse malheureusement pas assez. Quant à la concurrence des complémentaires santé, elle ne fait pas baisser les prix, au contraire, car les opticiens ont tendance à aligner leurs offres sur les garanties qui sont offertes aux patients. Les prix sont élevés dans d’autres domaines, bien sûr, mais le renforcement de la concurrence n’est pas systématiquement la bonne réponse. Il ne faut pas avoir une approche religieuse, idéologique, de la concurrence. Dans les transports par exemple, dans l’énergie, il y a une logique de service public qui doit être préservée. Le tout-concurrentiel provoquerait des ruptures d’égalité entre les citoyens, certains territoires seraient désavantagés. Le but du gouvernement n’est pas de déréglementer tous azimuts, par idéologie. Par ailleurs, il faut veiller à ne pas déstabiliser des secteurs en crise. L’optique est en croissance, à cause du vieillissement de la population en particulier. Ouvrir la vente de lunettes sur Internet ne provoquera pas de suppressions de postes chez les opticiens, comme le soutiennent certains d’entre eux.

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