Entretien avec Alain AFFLELOU, qui se lance dans l’Audition


Alain Afflelou est le président du conseil de surveillance du groupe du même nom. Au moment de renouveler son offre Tchin Tchin, il refuse toujours de vendre des lunettes sur internet. En revanche, il va se diversifier dans la distribution de produits d’aide à l’audition, et compte ouvrir 80 magasins dédiés d’ici à la fin de l’année.

Le 24 février, vous lancez une nouvelle offre Tchin Tchin. En quoi est-elle différente des précédentes ?

– J’ai inventé ce concept en 1999. A l’époque, 95% des Français équipés n’avaient qu’une paire de lunettes. Aujourd’hui, nous sommes arrivés au résultat inverse: tout le monde en possède deux paires.
Pour faire évoluer ce concept, qui n’était réservé qu’à la personne qui avait acheté la première paire, nous proposons de lui offrir la possibilité de l’acheter aussi pour la personne de son choix.

Est-ce encore vous qui le direz dans les spots publicitaires ?

– Oui, je présenterai cette offre en disant qu’avec Tchin Tchin, maintenant, la seconde paire, c’est pour qui vous voulez.

Qui est propriétaire de la marque Afflelou aujourd’hui, est-ce vous ou le fonds Bridgepoint qui a racheté votre groupe ?

– Elle appartient à ses actionnaires, le fonds Bridgepoint. C’est normal que les gens qui investissent dans une entreprise dont la caractéristique est d’avoir une marque forte la protègent et la fassent vivre.

En juillet, vous avez recruté Grégoire Champetier comme président du directoire, tandis que vous conserviez la présidence du conseil de surveillance. Six mois plus tard, il a rejoint Accor. Comment gérez-vous ce problème de gouvernance ?

– Cela fait quelques années que nous nous posons la question de ma succession, sans que ce soit un problème crucial puisque les affaires tournent. Nous avons toujours voulu aller chercher des gens qui venaient de l’extérieur, bardés de diplômes, et qui n’ont pas la patience de comprendre la philosophie de l’entreprise. Jusqu’au jour où nous avons réalisé que la greffe ne prendrait jamais. Aujourd’hui, nous avons choisi une solution interne qui correspond mieux à notre culture.

Vous aviez confié à Grégoire Champetier le soin d’étudier la vente de lunettes sur internet. Krys vous a doublé en proposant une offre. Comment comptez-vous rattraper votre retard ?

– Nous ne sommes pas en retard, car je ne suis pas certain que nos concurrents soient en avance. Je reste persuadé que nous ne pouvons pas vendre des lunettes correctrices sur internet.
Indépendamment du fait que ce soit interdit: nous n’avons pas le droit de vendre des produits remboursés par la Sécurité sociale par correspondance, le consommateur n’adhérera jamais à ce concept.

Préférez-vous vous diversifier sur le marché de l’audition ?

– Oui, car mal entendre et mal voir sont cousins germains. La presbytie a été corrigée et les gens n’ont plus de problèmes, passé un certain âge, à porter des lunettes. C’est moins évident quand il s’agit de corriger l’audition. Il y a des barrières psychologiques à faire tomber.
Nous allons installer des corners dans nos grands magasins. Nous ouvrirons aussi des magasins spécialisés. Nous inaugurons notre premier point de vente en avril. Nous en aurons 80 fin 2011.

Vous avez été condamné en 2009 pour fraude à la mutuelle. Cette pratique est-elle toujours en vigueur ?

– Nous avons fait appel de ce jugement, et je suis confiant. Nous avons toujours condamné ces pratiques [consistant à optimiser les remboursements d’optique en surfacturant, par exemple, les verres pour mieux couvrir les montures. NDLR]. Elles sont de la coresponsabilité des mutuelles, du client et des opticiens, même si, en fin de compte, c’est le consommateur qui trinque, puisque les mutuelles finissent par augmenter leurs tarifs.

Vous figurez dans le classement des fortunes de Challenges, avez-vous conservé votre patrimoine en France ?

– Je vis en France depuis toujours. Pendant deux ou trois ans, je me suis installé en Suisse pour monter une filiale, mais je suis français et heureux de vivre ici.

Propos recueillis par Jean-Baptiste Diebold et Thiébault Dromard pour Challenge.fr.

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