Cartier consolide sa production de lunettes en France
La maison de luxe a inauguré sa nouvelle manufacture à Sucy-en-Brie après celle de Besançon. Le Jura représente 60 % de la filière lunetière française, avec 62 entreprises et 2.500 salariés.
Le prestigieux joaillier vient d’inaugurer sa nouvelle manufacture lunetière de Sucy-en-Brie (Val-de-Marne) qui remplace celle, historique, de Joinville-le-Pont. Toute l’activité lunetière de Cartier est désormais concentrée dans ce bâtiment de 9.000 mètres carrés ultramoderne. Les 260 salariés de Joinville ont suivi et, du dessin au contrôle en passant par le diamantage, le brasage, le polissage ou le rhabillage, « tous les métiers de la lunetterie y sont présents, soit plus de vingt-cinq », explique Jean-Luc Tschirky, directeur industriel et innovation.
Ni relocalisation ni rapatriement de licence dans cet investissement, mais une confiance renouvelée dans la qualité de la main-d’oeuvre en cette période de belle santé du luxe. « Nos lunettes sont fabriquées en France depuis toujours, c’est là que nous sommes enracinés. Cartier est une maison attachée aux savoir-faire de ses artisans lunetiers, eux-mêmes héritiers d’une tradition qui s’ancre dans la région de Sucy-en-Brie depuis plusieurs générations », ajoute le responsable.
Depuis quelques semaines, Cartier compte aussi à Besançon (Doubs) un atelier complémentaire de la manufacture de Sucy-en-Brie, dédié celui-ci aux montures en acétate. Il s’agit d’une matière à base de cellulose, parmi les plus créatives du secteur, polie à la main et travaillée comme le bois, la corne et l’or. Dans l’ancienne capitale horlogère, le savoir-faire microtechnique et la culture manufacturière séduisent de plus en plus les marques de luxe, et les acteurs politiques et économiques locaux ont fait le maximum pour trouver rapidement des murs adaptés à Cartier. Un an après le premier contact noué avec la CCI, les premiers salariés recrutés par Pôle emploi ont pris possession des lieux loués par l’entreprise sur le technopôle Temis. Ils seront quarante à terme, selon Jean-Luc Tschirky.
Maillons indispensables
A deux heures de là, dans la vallée de Morez, la lunetterie jurassienne concentre 60 % de la filière française. La vallée voisine d’Oyonnax (Ain) pour les montures acétate représente environ 15 %, de même que les créateurs, essentiellement parisiens. Mais, s’ils se réjouissent de cette décision, les lunetiers jurassiens ne devraient pas être impactés par ces développements de Cartier, qui ne sous-traite qu’ « une partie congrue de la fabrication de composants », reconnaît Jean-Luc Tschirky.
Composée de créateurs-distributeurs, de fabricants et de sous-traitants, malmenée par la mondialisation, la concurrence italienne, les délocalisations ou, plus récemment, la campagne de dénigrement des prix de l’optique et les ventes sur Internet, la filière jurassienne s’est stabilisée il y a quatre-cinq ans. Elle compte encore 62 entreprises pour près de 2.500 salariés. « Mais elle est très fragile », estime Jérôme Colin, dirigeant d’Oxibis et président du syndicat professionnel des Lunetiers du Jura, qui rassemble 36 entreprises pour 250 millions de chiffre d’affaires, dont 55 % à l’export. « Si un nouveau coup dur nous touche, on risque de perdre une ou deux entreprises et autant de maillons indispensables de la chaîne. Notre filière est constituée d’une multitude de sous-traitants en pièces détachées, soudage, polissage, coloration… » Alors, pour survivre face à la concurrence asiatique et justifier ses prix, dont la main-d’oeuvre représente 80 %, les lunetiers jurassiens n’ont d’autre choix que de faire du haut de gamme, des produits à forte technicité et haute valeur ajoutée pour leurs propres griffes, celles des distributeurs ou des marques de luxe, en s’appuyant notamment sur Alutec, le laboratoire associé au syndicat, et sur le lycée Victor-Bérard de Morez, qui forme les lunetiers de demain.
Source www.lesechos.fr
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