Lunettes : Didier Migaud, fillonneur du jour


On pourrait appeler cela l’art de la « fillonnerie ». N’en pouvant plus de penser ce que je pense, je me lâche. Crûment. Brutalement. Je la joue décomplexé. Devant le tollé immédiat, je dois bien faire marche arrière. Mais je ne peux pas simplement admettre que j’ai dit une grosse bêtise. Que penseraient mes amis ? Qu’en serait-il de ma crédibilité ?

Lunettes : Didier Migaud, « fillonneur » du jourIl me faut donc expliquer crânement que je persiste et signe, que j’assume, que j’ai bien dit ce que j’ai dit, que je ne me dégonfle pas, tout en disant le contraire de ce que je viens de dire.

S’agissant de Fillon, ceux qui ne comprennent toujours pas ce qu’il a voulu dire en suggérant aux électeurs de l’UMP, en cas de second tour entre PS et FN, de « voter pour le moins sectaire », comprendront mieux en se souvenant qu’il ne savait même pas que les élections municipales comportaient deux tours.

Le « fillonneur » du jour s’appelle Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes. Il est interrogé sur France Inter par Patrick Cohen. Alors, paraît-il que vous aimeriez que la Sécu dérembourse les lunettes, interroge Cohen. En effet, la journée de la veille a été une journée de psychodrame, la ministre Marisol Touraine accourant au secours de la grande armée des presbytes menacés de déremboursement par la Cour, toujours en quête d’économies.

Didier Migaud nie

La question est avant tout symbolique. Quiconque a récemment changé de lunettes (c’est le cas du signataire de cette chronique) sait bien à quel point l’essentiel du remboursement est effectué par les mutuelles, et non plus par la Sécu, dont la quote-part couvre, en gros, l’étui, et la chiffonnette. Et Migaud de protester aussitôt : on n’a jamais dit ça, on n’aurait pas osé, on a juste dit que le marché était opaque et que les chaînes d’opticiens se sucraient, on ne se serait pas permis, voilà bien les Français qui inventent des polémiques sur des propositions que personne n’a faites, etc.

Bien. Le malheur, c’est qu’il existe des archives. Et qu’à en croire le compte-rendu de l’AFP, les magistrats de la Cour des comptes ont bien proposé ceci :

« Dès lors que l’assurance maladie complémentaire serait généralisée, […] pourrait se poser, s’agissant de l’optique correctrice, la question d’un réexamen de son articulation avec l’assurance maladie obligatoire englobant une réflexion sur un éventuel retrait de cette dernière du champ. »

On peut relire la phrase. Elle ne veut évidemment pas dire grand-chose (que signifie ce « dès lors que la complémentaire santé serait généralisée » ? On va offrir une mutuelle à tout le monde ?) Reste que la Cour a bien dit ce qu’on lui fait dire. Mais peu importe, on est passé à autre chose.

Source: www.rue89.com

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