Essilor se focalise sur les marchés émergents
Le groupe d’optique ophtalmique investit les marchés émergents à fort potentiel de croissance et innove en termes de produits et de « business model » pour séduire les classes moyennes.
l’entreprise
Un boucher dépose un quartier de viande sur le comptoir d’une bijouterie, un monsieur ne distingue plus la tête de l’arrière-train de son toutou… La raison ? Une forte buée sur les verres de leurs lunettes. Ces petits films humoristiques diffusés sur Internet mettent en scène la dernière grande innovation d’Essilor, le verre antibuée Optifog. L’inventeur du verre progressif, en 1959, a toujours fait de l’innovation son moteur de croissance. En 2010, plus de 150 millions d’euros ont été consacrés aux investissements de recherche et développement (R&D) et 240 nouveaux produits ont vu le jour. Depuis plusieurs années, le groupe cherchait une nouvelle catégorie de verres, les « antibuée », finalement sortis cet été. « Le besoin du consommateur était identifié depuis longtemps, mais la solution technologique a été trouvée depuis peu, grâce à un partenariat avec l’université technologique de Shanghai sur les nanotechnologies », explique Eric Thoreux, directeur du marketing stratégique du groupe.
En perpétuelle évolution, la recherche et le développement font face à de nouveaux défis. « Développer de nouveaux verres à partir de l’étude des matériaux, du verre, du traitement de surface, ne suffit plus, il faut tenir compte de l’ensemble du système visuel », illustre Jean-Luc Schuppiser, directeur de la recherche et du développement du groupe. Ainsi, Essilor a opéré des rapprochements avec le milieu médical : l’hôpital des Quinze-Vingts (centre hospitalier national d’ophtalmologie), à Paris, l’Institut de la vision, l’Ecole d’optométrie de Montréal. L’entreprise suit également de près la recherche fondamentale et les progrès dans des domaines comme le numérique ou les nanotechnologies (partenariats avec le CNRS Toulouse, le CEA Grenoble).
La stratégie
L’autre grand défi, inscrit dans la stratégie du groupe, est de se développer sur les marchés identifiés à fort potentiel, en Asie et en Amérique du Sud. Ce que soulignait le directeur général du groupe, Hubert Sagnières, dans « Les Echos » le 26 août : « Jusque-là, réaliser 12 % de notre chiffre d’affaires dans les pays en forte croissance semblait une faiblesse. Aujourd’hui, avec la crise dans les pays développés, c’est une force qui garantit notre croissance future. » Depuis le début de l’année, Essilor a encore renforcé sa présence par des acquisitions et des prises de participation dans des laboratoires de prescription et des distributeurs au Brésil, en Chine, en Afrique du Sud et en Inde. Mais dans un groupe où l’innovation sur les produits est habituellement orientée vers le haut de gamme, comment aborder ces marchés ? Le groupe a d’abord attaqué les marchés émergents par le haut, en diffusant ses marques haut de gamme (Crizal, Varilux…) et en s’appuyant sur ses grands axes de R&D : la segmentation et la personnalisation. Ainsi, Essilor a développé les verres Essilor Azio, adaptés aux besoins spécifiques des populations asiatiques, ou Varilux India.
Mais comme le reconnaît Jean-Luc Schuppiser : « Nous innovons aussi pour répondre aux besoins du milieu de gamme. » Matériaux plus robustes ou qui se changent plus facilement, production locale, choix de verres standards et de montures plus simples font baisser les coûts. Les « business models » sont également repensés pour optimiser la chaîne d’approvisionnement. Les opticiens, premiers clients de la marque, constituent des relais stratégiques pour diffuser l’innovation. Essilor leur propose notamment d’investir dans des machines de taille de verre ou de dépistage, et des formations, sur les produits bien sûr, mais aussi sur les techniques de vente. Ces formations se développent beaucoup en Chine, en Inde, au Brésil et en Indonésie. De manière plus globale, le groupe s’intéresse également aux populations qui n’ont accès ni aux examens ni aux magasins d’optique. Depuis 2005, des équipes partent à la rencontre des populations rurales indiennes dans des minivans pour réaliser des examens de la vue et de l’équipement optique. En Chine, depuis 2009, c’est dans les rues des grandes villes que des examens de la vue sont proposés.
Bilan
L’innovation sur les marchés émergents profite aussi aux marchés matures. Ainsi, le verre Myopilux, lancé sur le marché chinois, où le taux de myopie est élevé chez les enfants, ralentit de moitié la progression de la maladie, selon le fabricant. Ce produit est progressivement mis en vente dans les autres pays. Sur les marchés matures, la prévention est aussi au coeur de la stratégie du groupe. Aux Etats-Unis, Essilor Vision Foundation mène des campagnes de dépistage. Le groupe travaille aussi à la prévention des méfaits des UV sur l’oeil. Et la recherche s’intéresse aux nouveaux comportements visuels, liés par exemple à la multiplication des petits écrans ou à l’accroissement du nombre de presbytes de plus en plus âgés. Car les marchés matures offrent encore de belles perspectives. « Dans un pays comme les Etats-Unis, seuls 40 % des verres sont traités contre les reflets, contre 70 % en France, 85 % en Allemagne et 100 % au Japon », souligne Eric Thoreux.
Dans le monde, Essilor estime à 2,4 milliards le nombre de personnes dont la vue n’est pas corrigée. Pour conquérir de nouveaux marchés, la vision à long terme du groupe reste focalisée sur l’innovation. La moitié de son chiffre d’affaires (3,9 milliards d’euros en 2010) est réalisée avec des produits développés depuis moins de trois ans.
Source: www.lesechos.fr
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