Batailles ouverte autour de la vente de lunettes sur Internet


Bruxelles somme Paris d’autoriser la vente en ligne des produits d’optique. Beaucoup d’opticiens s’y opposent.

Seulement 40 euros la paire de lunettes, et 110 euros pour des verres progressifs… Des prix cassés ? Non, il s’agit des tarifs minimums proposés par Direct Optic, pionnier en France de la vente en ligne de lunettes de vue.

Ses prix sont aux antipodes de ceux affichés par les opticiens ayant pignon sur rue. Une paire de lunettes vendue en magasin coûte ainsi en moyenne 300 euros, contre 130 euros, options incluses, pour les internautes qui commandent chez Direct Optic. Mêmes tarifs sur le site du concurrent Happyview, lancé en septembre.

Cette concurrence nouvelle a de quoi inquiéter les quelque 10.500 opticiens de France. D’autant que la Commission européenne veut obliger Paris à ouvrir leur marché aux opticiens en ligne. La loi française stipule que la vente à distance des produits de santé est interdite. Fin 2008, Bruxelles a mis la France en demeure de modifier sa réglementation, menaçant de saisir la Cour de justice européenne.

Depuis, le flou juridique règne. L’été dernier, Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, a expliqué que ce commerce était licite dans l’Hexagone, à condition notamment que les sites vendant des lunettes emploient au moins un opticien diplômé. Direct Optic et Happyview en ont pris acte, ce qui leur permet d’être agréés par la Sécurité sociale, et donc de garantir le remboursement des prestations à leurs clients.

Mais cela ne suffit pas pour être en règle avec le droit français, s’offusquent plusieurs syndicats d’opticiens. «En magasin, il y a beaucoup de contrôles», explique Christian Romeas, patron du Synope, le syndicat des opticiens sous enseigne. Ce n’est pas le cas des sites de ventes en ligne, qui se fournissent souvent en Asie. Une enquête menée en 2008 par UFC-Que choisir auprès de cinq sites étrangers et français de ventes en ligne a d’ailleurs fait ressortir que 80% des produits n’étaient pas conformes.

Les opticiens Krys sont prêts à vendre en ligne

«La vente sur Internet est inéluctable», raisonne de son côté Henri-Pierre Saulnier, patron de l’Union des opticiens. Plutôt que de s’y opposer, mieux vaut selon lui encadrer les ventes, par exemple en limitant la puissance des verres correcteurs vendus sur Internet.

Le ministère de la Santé s’est réuni jeudi avec la direction de la concurrence et les syndicats d’opticiens. Son objectif est délicat : il lui faut trouver une position qui satisfasse Bruxelles tout en répondant aux exigences françaises de santé. Les services de Roselyne Bachelot devraient finaliser une proposition d’ici à l’été.

En attendant, tous les acteurs s’activent pour continuer de tirer parti au mieux de ce marché qui concerne plus d’un Français sur deux et représente un chiffre d’affaires de plus de 5 milliards d’euros, selon le cabinet Xerfi. Craignant de voir leur part de ce marché s’effriter, les grands distributeurs traditionnels, le groupe Krys en tête, se préparent d’ailleurs à vendre eux aussi en ligne.

De son côté, Direct Optic, dont les ventes sont passées de «plusieurs centaines de lunettes par mois en 2009 à plusieurs centaines par semaine aujourd’hui», construit en parallèle… un réseau de magasins. «Nos prix seront inférieurs de 10% à 20%, pas plus, à ceux des autres opticiens», prévient son cofondateur Emmanuel Greau. Pas question, en effet, de casser les prix en magasin. Mieux vaut se partager le gâteau. En dépit de l’arrivée timide de réseaux à bas coûts, il est encore particulièrement rentable avec une marge brute de l’ordre de 65%.

Source: Lefigaro.fr

Autres articles:


Articles récents:


Articles sur le même sujet:

Tags: , , , , ,

Laisser un commentaire