Les conditions d’une bonne adaptation aux verres progressifs


Dans quel cas conseiller un verre progressif, comment fournir un équipement de qualité au porteur ?

Quels sont les points importants dans la mise en œuvre de verres progressifs ?

Il faut porter beaucoup attention à trois opérations :
Pour la réfraction, le test duo-chrome rouge – vert est précieux pour détecter une sur- ou sous-correction en VL et VP.
L’indispensable mesure des points de montage doit être très précise. La précision idéale étant de 0,5 mm.
Le montage et l’ajustage, effectués avec rigueur sur le porteur, permettent d’adapter au mieux l’équipement.

Quels sont les cas les plus « délicats » à adapter ?

A priori, une prescription exacte, une bonne prise de mesure et un bon montage de verres doivent permettre de fournir un équipement apportant toute satisfaction. Cependant, des aspects non plus « amétropiques » mais physiologiques, voire psychologiques, peuvent générer une mauvaise accoutumance à des verres progressifs. C’est souvent le cas du jeune presbyte emmétrope ou du faible hypermétrope.
Le jeune presbyte emmétrope ne réagira pas de la même façon qu’un sujet portant depuis longtemps une correction. En effet, un sujet emmétrope (ou proche du « plan ») jusque-là, risque de refuser le port permanent de son équipement.
Si ce sujet est faiblement hypermétrope, il faut en tenir compte et corriger celle-ci ; l’addition en sera d’autant plus faible.

Doit-on augmenter l’addition dans le cas d’une correction en verres progressifs ?

Non, surtout pas , puisque cela reste la principale source d’inconfort en progressifs. La tentation de sur-corriger la vision de près, en l’associant à un abaissement du point de montage vision de loin est à proscrire. En effet, une sur-correction génère :
une réduction de la profondeur de champ
une réduction de la largeur de champ, puisque le presbyte sur-corrigé se limitera à une zone destinée à corriger la vision intermédiaire, beaucoup moins large que la zone stabilisée en vision de près
un inconfort en vision dynamique lié à une augmentation des aberrations latérales.

Quelles peuvent être les conséquences d’une sur-correction ?

Cette sur-correction de la vision de près semble encore fréquente, car les additions moyennes (2.00 à 2.50 dioptries) sont majoritaires dans les prescriptions.
Sensation de balancement : dans le cas d’un premier équipement en verres progressifs avec forte » dans la partie inférieure, sera à l’origine d’une sensation de balancement. Ce sont les vitesses ces valeurs d’addition, la différence de puissance, faible dans la partie supérieure du verre, et « apparentes de déplacement des objets qui sont à l’origine de cette sensation de balancement naturellement aggravée par la sur-correction. Même si cette gêne peut disparaître après quelques semaines de port, le système visuel du presbyte sera soumis à rude épreuve !

Quel point de mesure (ou de référence) doit-on prendre pour le montage de verres progressifs ?

En vision de loin, le point de référence est le milieu de la pupille, sauf dans le cas d’une utilisation privilégiant la VL. Dans ce cas, un abaissement de 1 à 2 mm peut être appliqué.
L’écart inter-pupillaire peut être mesuré avec précision, au moyen d’un pupillomètre à reflets cornéens. Il est indispensable d’adapter au mieux la monture, lors de la mesure.
La détermination de la hauteur de la vision de loin doit se faire debout, après avoir laissé le client se familiariser avec la monture.
Une mesure au réglet peut s’ajouter à une marque sur le gabarit de présentation transparent.
Ensuite, il est nécessaire de revérifier le port de tête du client. Une observation de celui-ci permet de modifier son port de tête, par exemple, anormalement haut après une position plus basse lors de la prise de mesure.

Quelle est la hauteur de montage minimum pour les verres progressifs ?

Avec un verre « généraliste », des montages avec 18 mm entre le centre de la pupille et le bas de la monture sont un minimum.
La mode des « petites montures » génère des demandes de montage minimum de 15 mm.

La correction des myopes est-elle plus difficile que celle des hypermétropes ?

Non , mais l’amétropie du porteur influence la « relation » avec les progressifs.
Le myope (entre -1.00 et -3.00 dp) qui enlève ses lunettes pour lire doit s’équiper si possible rapidement en addition faible. Si l’équipement se fait tardivement, la progression de la presbytie risque d’être plus rapide pour le porteur.

Qu’en est-il exactement pour les hypermétropes ?

Les hypermétropes faibles utilisent souvent leur équipement pour la vision de près et pour la vision intermédiaire, mais peu pour la vision de loin.
Dans ce dernier cas, ce sont des aspects physiologiques ou « psychologiques » qui vont perturber l’accoutumance aux verres progressifs. Comme pour les hypermétropes confirmés, il est nécessaire de corriger leur vision de loin, l’addition en sera ainsi d’autant plus faible.


Une prescription astigmate doit-elle être adaptée dans le cas de verres progressifs ?

Il faut vérifier l’absence de sur- ou sous-correction cylindrique, ainsi que la valeur de l’axe du cylindre. Ceci est d’autant plus important dans le cas d’une première correction astigmate en verres progressifs.

Comment gérer une première correction d’anisométropie* ?

Une première correction en vision de près est parfois le constat d’une anisométropie qui n’a pas encore été corrigée par des verres vision de loin.
Un examen individuel s’impose : une anisométropie acceptée en vision de loin le sera difficilement en verres progressifs. La différence d’effets prismatiques verticaux en est la cause.
Dans le cas d’une anisométropie déjà compensée en vision de loin, celle-ci sera peut-être difficilement supportée en vision de près, notamment si elle est supérieure à 1.50 dp, sauf dans le cas d’une neutralisation d’un œil.
*Anisométropie
L’anisométropie apparaît chez un sujet dont l’un des deux yeux possède une acuité visuelle normale sans correction, alors que l’autre oeil est myope, astigmate ou hypermétrope. L’oeil ayant une acuité visuelle normale est qualifié d’emmetrope, l’autre oeil est qualifié d’amétrope.

Autres articles:


Articles récents:


Articles sur le même sujet:

Tags: , , , , , ,

Un commentaire sur “Les conditions d’une bonne adaptation aux verres progressifs”

  1. DOHIME Prudence

    Bonjour Messieurs,
    je suis opticien et je suis souvent confronté à une situation avec mes patients:
    après réalisation des verres progressifs, certains patients se plaignent de vision nette et décalée à droite par exemple en un endroit sur leur pc et floue tout autour de cet endroit, mais voient bien en vision de loin comme de près.
    qu’est-ce qui peut ètre à l’origine de cela?
    Je vous remercie

    #259

Laisser un commentaire