Les lunettes Ray-Ban… un exemple de marketing


Dotée d’une histoire riche allant du mythe de l’aviation au glamour du cinéma, la marque plaît aux hommes comme aux femmes, de tous les âges.

La scène se passe à Istanbul mais pourrait tout aussi bien se dérouler à New York ou Paris. Une demi-douzaine de femmes de nationalités différentes se retrouvent à la terrasse d’un café inondé de lumière. Elles sortent presque simultanément leurs lunettes de soleil. La plupart portent des Ray-Ban de styles variés. Quant à celle qui arbore ce jour-là un modèle siglé Prada, elle a chez elle deux paires de la marque d’origine américaine.

Les lunettes Ray-Ban font partie de ces rares valeurs sûres devenues aussi emblématiques pour les hommes que pour les femmes, pour les plus jeunes que pour les plus âgés. A travers le monde entier. Réputées pour leur design reconnaissable, elles misent largement sur leur caractère intemporel. « Par rapport à une certaine mode Kleenex, les Ray-Ban font figure de référents et s’inscrivent dans le grand retour du produit authentique. Il est rare que des lunettes véhiculent autant de valeurs, comme l’héroïsme et la réussite. Tout en affichant des prix accessibles par rapport à l’offre de bon nombre de marques de mode », relève Emilie Maillard, styliste à l’agence Peclers Paris. S’offrir plusieurs paires reste un investissement de long terme car l’acheteur sait qu’elles pourront durer plus d’une saison.
Le modèle le plus ancien, l’Aviator, fait encore partie des best-sellers actuels. Il est pourtant né en même temps que la marque, dans les années 1930. Au départ, c’est le général MacCready qui réclamait des lunettes conçues pour les pilotes militaires afin de protéger leurs yeux des reflets à haute altitude tout en leur garantissant une vision optimale. Les tout premiers exemplaires, aux verres de couleur verte, sortent d’abord avec des montures en plastique. Mais, très vite, arrive le cerclage en métal qui les caractérisent aujourd’hui.
Les membres de l’US Air Force les adoptent rapidement, entraînant dans leur sillage le reste de l’armée américaine. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, ces lunettes de soleil feront partie, en Europe, des symboles de l’Amérique victorieuse. Au même titre que le chewing-gum et les cigarettes. « L’imaginaire lié aux pilotes, à l’avion est très fort. Il joue sur les liens avec l’histoire comme sur le mythe d’Icare. Et il capitalise sur le côté technique et le savoir-faire de Ray-Ban », observe Georges Lewi, expert en marques et spécialiste des mythes. La marque, qui propose différents types de verres, bénéficie de son image de sérieux liée à sa naissance au sein au groupe Bausch & Lomb, spécialiste de l’optique.
Egéries

Il faudra attendre les années 1950 pour voir apparaître un autre modèle phare : la Wayfarer. Son estampille : des incrustations métalliques sur le devant et un logo de la marque bien visible sur le côté. Pour mettre en avant ces paires, la griffe ne manque pas d’égéries, spontanées ou liées à une politique de placement de produits. Le monde du cinéma leur a donné une tonalité glamour. Dans les années 1960, Audrey Hepburn affiche ses Wayfarer dans le film « Diamants sur canapé » tandis que « The Blues Brothers » les remettent sur le devant de la scène vingt ans plus tard. Les rockers s’en emparent aussi, sans négliger l’Aviator.
Devenus emblématiques, ses modèles sont souvent imités. La marque a donc besoin d’entretenir son image pour faire préférer l’original. Elle doit aussi maintenir l’envie. Ses produits ont en effet connu des baisses de régime, dans les années 1990, avant de se remettre en selle dix ans plus tard. La reprise en 1999 par Luxottica, spécialiste des lunettes notamment sous licence, l’a redynamisée tandis que les « it-girl » se sont à nouveau emparé de ses paires.
Revendiquant son statut de marque transgénérationnelle, Ray-Ban doit entretenir la flamme tous azimuts. Une vraie nécessité dans un univers à la forte présence des griffes de mode et de luxe qui ont fait des solaires un accessoire « fashion ». Il a fallu proposer plus de modèles, avec des montures rouge ou bleu éclatant. « La marque doit réussir à rester à la fois « vintage » et bien dans l’air du temps », analyse Emilie Maillard.
Les jeunes et la musique

Du côté de la communication, la campagne « Never Hide » débutée en 2007 vise à renforcer l’attractivité de la marque auprès des jeunes. Elle mise en particulier sur la musique pour affirmer son style, proposant des compilations à télécharger gratuitement. Et joue sur le désir de participation des nouvelles générations. Sur Facebook, elle s’enorgueillit d’avoir 2 millions de fans. Et, en mars, elle a organisé une journée dans une douzaine de villes du monde entier permettant d’être pris en photo derrière un cadre transparent, un événement retransmis en direct sur son site. Quant au Web, il permet d’essayer toutes les paires grâce à un miroir virtuel, à condition d’enclencher sa webcam, et de tester l’effet sur la vue des différents verres.
Il reste maintenant à écrire la suite de l’histoire. « En adoptant un discours destiné aux « fashionistas », la marque prend le risque de se démoder plus facilement. Elle doit donc veiller à entretenir son mythe fondateur », prévient Georges Lewi. A cette condition, il estime que Ray-Ban a la capacité à s’étendre un jour au-delà du secteur des lunettes.

Source: www.lesechos.fr

Autres articles:


Articles récents:


Articles sur le même sujet:

Tags: , , , , , ,

Laisser un commentaire