Opticiens en ligne : être vigilant sur la prise de mesure
Avec des produits jusqu’à 70% moins chers qu’en magasin, les cyber-opticiens cassent les prix des lunettes. Mais le client n’a pas la garantie de porter des lunettes ajustées, mettent en garde les opticiens traditionnels.
En 2011, un Français sur trois a renoncé à des soins pour des raisons financières, selon un sondage CSA pour Europ Assistance. Parmi les équipements coûteux, les lunettes de vue représentent un lourd investissement pour les personnes ne bénéficiant pas d’une bonne mutuelle. Dans ce contexte, les prix cassés proposés par les opticiens en ligne séduisent de plus en plus. Mais pour générer de telles marges, la majorité de ces sites Internet n’offrent pas les mêmes avantages qu’une visite chez un opticien en boutique. Alors qu’un rendez-vous avec un lunetier permet d’effectuer un centrage rigoureux des verres (mesure des écarts des pupilles et de la hauteur entre le bas de la monture et l’oeil) et d’ajuster la monture, un achat en ligne oblige le client à prendre ses propres mesures à partir d’une webcam ou d’une photo, deux méthodes très approximatives, que dénoncent les opticiens ayant pignon sur rue.
Étudiant, Maxime Seguin-Couturier, 24 ans, s’est acheté une paire de lunettes en ligne l’année dernière. Sur le site, «ils donnent quelques indications pour prendre les mesures, ce n’est pas sorcier, mais je doute que le résultat soit très précis et je me demande encore si j’ai bien pris mes mesures», reconnaît le jeune astigmate, principalement «motivé par le prix du produit». En choisissant une monture de marque, il aurait dû payer entre 250 et 350 euros sa paire de lunettes. En effectuant sa commande sur Internet, il en a eu pour 157 euros.
Pour se faire sa propre opinion, Le Figaro a appelé deux sites d’opticiens en ligne. «Vous vous prenez en photo avec une carte vitale collée sur le front que vous nous envoyez par mail et nous prendrons les mesures à partir du cliché», explique un premier vendeur avant de reconnaître que c’est «handicapant de ne pas voir le client». Sur un autre site contacté, il n’existe aucun moyen d’effectuer ses mesures, ni de formulaire pour entrer les données nécessaires au montage des verres sur la monture.
Des mesures à prendre précautionneusement
«Il faut quand même être gonflé pour faire croire aux gens que leurs mesures seront justes», s’indigne Alain Gerbel, président de la Fédération nationale des opticiens de France. «Les appareils que nous utilisons en magasin coûtent en moyenne 20.000 euros. Ils nous permettent d’effectuer des mesures au dixième de millimètre près mais il nous arrive quand même de faire des erreurs, alors imaginez quand ils font des ajustages avec une photo ou une vidéo», proteste l’opticien.
Sur la toile, Easy-verres.com est l’un des rares opticiens qui proposent aux clients de commander les lunettes en ligne et de les faire monter chez des opticiens partenaires de l’entreprise. «On ne peut pas tout faire sur internet, poursuit Jean Polier, président de la société. Les prises de mesures en ligne peuvent donner lieu à une marge d’erreur de trois millimètres. C’est problématique pour des verres progressifs quand on sait qu’un écart de quatre à cinq millimètres a de fortes chances de réduire le champ visuel», explique-t-il.
«Il n’y aucun risque d’abîmer l’œil»
Néanmoins, le Dr Jean-Bernard Rottier, président du Syndicat national des ophtalmologistes de France, se veut rassurant: «Il n’y aucun risque d’abîmer l’œil et de contracter une pathologie oculaire. Dans le pire des cas, on peut avoir les yeux qui piquent, une sensation d’inconfort et de fatigue, des maux de tête. Mais cela arrive aussi bien pour des lunettes achetées sur Internet qu’en boutique», ajoute le médecin. Néanmoins, la vigilance est de mise pour les moins de 16 ans, dont la vue est encore amenée à évoluer. «Cela dépend aussi de la correction du patient, précise le Dr Rottier. Pour un astigmatisme inférieur à deux, une hypermétropie inférieure à quatre et une myopie inférieure à six, on peut acheter ses lunettes sur Internet, tout en gardant à l’esprit qu’il y aura toujours un risque», ajoute-t-il.
Environ 30 millions de Français portent des lunettes, renouvelées tous les trois ans en moyenne. Près de 8 millions de paires sont vendues chaque année.
Source: le Figaro.fr
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