Optique : il devient difficile de voir clair dans sa facture
Acheter ses lunettes en France coûte 20% plus cher qu’ailleurs en Europe. Comme les mutuelles couvrent bien les frais d’optique, la profession en profite à fond.
Les verres antirayure, antireflet ou antisalissure, on connaissait. Voici maintenant les antibuée ! Bientôt commercialisée, cette révolution signée Essilor sera appréciée par les utilisateurs. Et par les opticiens : l’option coûtera 30 euros par verre, plus 10 euros le spray à appliquer chaque semaine.
Décidément, nos marchands de lunettes sont des vernis. Ils facturent cher, et les clients suivent. Il est vrai que la prise en charge par les mutuelles, à hauteur de 50% des frais, atténue la douleur. Du coup, toute la filière en profite. A commencer par les fournisseurs. Chez les verriers, Essilor, avec 70% du marché, impose facilement ses tarifs et empoche 18% de marge nette avant frais financiers. Côté lunetiers, même domination écrasante des géants italiens Luxottica et Safilo, qui fabriquent sous licence la quasi-totalité des montures griffées et en tirent eux aussi des profits nets juteux (20% chez Luxottica).
Pour les opticiens, c’est plus flou. Sur 11.000 boutiques, on compte une moitié d’indépendants et une autre de franchisés des grandes enseignes (Krys, Optic 2000, Afflelou…). Mais, pour les uns comme pour les autres, c’est la taille du point de vente qui compte : les plus petits plafonnent à 250.000 euros de chiffre d’affaires par an. Pas de quoi faire bombance. Surtout pour les franchisés, qui versent de lourdes redevances aux réseaux : «De 12 à 14% des ventes, pour financer la communication et les frais de structure», explique un opticien. Les magasins plus importants, par contre, tiennent une forme éblouissante avec en moyenne 15% de marge nette. Ils y parviennent en faisant du volume et en orientant le client vers le haut de gamme.
La meilleure affaire pour le vendeur : les verres progressifs
«Comme on passe le même temps à vendre un modèle cher ou bon marché, c’est tout bénéfice», assure Magali, opticienne à Paris. Prenons les verres, qui représentent 70% de la marge d’un magasin. Les carreaux à simple correction, dénués de traitement spécial, s’achètent à partir de 50 centimes l’unité et peuvent certes être revendus jusqu’à 50 fois leur prix. Mais cela ne fait jamais que 24,50 euros de bénéfice. Un verre traité, acquis pour 20 euros, sera quant à lui facturé 70. Soit 50 euros de marge.
La logique est la même pour les progressifs, destinés aux presbytes. Fabriqués uniquement à la demande, ils sont achetés entre 10 et 150 euros l’unité pour être revendus quatre à cinq fois plus, une culbute censée refléter le temps passé à conseiller le client.
La monture, elle, représente 12% de la marge finale. Sur les produits sans marque, importés d’Asie entre 5 et 10 euros pièce, la marge brute va jusqu’à 75%. Elle sera de 60% sur les montures griffées et de 50% sur les solaires. Quant à la deuxième paire offerte, pas d’illusions. Branches bon marché et verres d’ancienne génération déjà rentabilisés sont au programme. Pas fous…
Source: www.capital.fr
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